Notre pays, au sein de l’Europe, vit une profonde transformation qui présente le paradoxe de mélanger les progrès considérables apportés par les technologies dont les opportunités offertes par le numérique facilitant et valorisant le travail collectif, des défis environnementaux majeurs, une crise qui impose à tous les acteurs publics et privés de gros efforts d’économies et de productivité, et enfin une aspiration de nos concitoyens à une qualité de vie à réinventer.
Les ingénieurs et scientifiques, au nombre de plus d’un million, impliqués dans tous les secteurs de l’économie, agissant en contact direct avec la technologie sur le terrain, travaillant en équipes pluridisciplinaires et le plus souvent internationales, vivent cette dialectique au quotidien dans leur vie professionnelle mais également dans leur vie de citoyen.
Forts de leur expérience et désireux de proposer des solutions ambitieuses, les ingénieurs et scientifiques souhaitent s’investir sur les enjeux de la cité, sur les défis sociétaux du siècle prochain, et sur la formation des futurs responsables.
S’il y a aujourd’hui 45 % environ de filles en terminale S, il y en a moins de 20 % dans les écoles d’ingénieurs. Et ce malgré de nombreuses années d’information dans les lycées notamment sur les carrières d’ingénieurs (action PMIS d’IESF, actions de Femmes Ingénieurs, de Femmes & Sciences, etc…).
Il est aujourd’hui largement reconnu que la diversité – et en particulier la mixité – apporte des résultats très positifs en termes d’efficacité des organisations. Il est donc important de s’interroger sur les réticences ou le manque de connaissances qui se traduisent par cette faible proportion de filles dans les écoles d’ingénieurs et de chercher à augmenter ce taux.
IESF a initié une revue des pratiques d’information et d’incitation et se donne pour objectif de contribuer à une meilleure perception des métiers d’ingénieur afin de faire évoluer cette situation dommageable pour tous.
[voir Véronique RAIMBAULT]
Intensifier les approches des projets suivants :
Les avis de la population s’accordent sur les constats suivants :
La professionnalisation des politiques reste un verrou bien français.
Pour autant, le rôle des collectivités publiques et de l’Etat est crucial et s’ils sont mal orientés, alors les efforts conduits dans les entreprises sont moins efficients, ou bien se réorientent en dehors du territoire. Les ingénieurs, bien formés à ce type de problématique complexe, ont vocation à s’y impliquer davantage et à y apporter toutes leurs compétences.
Il est indispensable pour les ingénieurs et scientifiques d’aujourd'hui de mener en permanence une réflexion approfondie sur soi, sur l’éthique et sur le sens de leurs actions et de leurs engagements.
Pourquoi travaille-t-on et pour qui travaille-t-on deviennent des sujets d’interrogation extrêmement fréquents, notamment dans les générations les plus jeunes. Quel est le sens de l’engagement dans l’entreprise ? Ou bien cet engagement doit-il être vis-à-vis de la société ? Pour quels objectifs et avec quelles valeurs ?
Comment utiliser les avancées scientifiques et technologiques pour qu’elles profitent à l’Homme et lui offrent des espaces de liberté supplémentaires ? Comment construire des entreprises et des projets pour le bien de toute une société ? Comment allier les nécessités économiques, avec ses règles et son organisation, et les objectifs d’engagement et de responsabilité pour la société humaine ?
Quels enseignements apporter aux futurs ingénieurs et scientifiques pour qu’ils intègrent l’éthique et le sens dans leurs choix de vie et dans leurs décisions d’entreprise ? Quelle base de réflexion philosophique leur donner pour leur permettre de choisir plus tard par eux-mêmes des voies et des projets qui leur font sens ?
Le développement du soi et la défense des intérêts personnels sont-ils compatibles avec l’intérêt commun ? Jusqu’où doit-on privilégier le développement du soi au service du développement commun ?
On le voit, les questions de réflexion sur soi, d’éthique et de sens sont ce qui fondent le développement de nos sociétés humaines. Les Ingénieurs et Scientifiques de France doivent s’y investir et faire des propositions sur ces sujets.
Sous l’impact de nombreuses révolutions dont la révolution technologique et celle des réseaux sociaux, notre monde est en profonde et rapide transformation. Tous les acteurs qu’ils soient décideurs publics ou chefs d’entreprises doivent gérer des projets de plus en plus complexes sollicitant des champs d’expertise très nombreux, et pour lesquels la décision doit être rapide et doc souvent intuitive.
De plus, pour rester dans la course sur des marchés ultra-compétitifs, les entreprises doivent sans cesse innover et se montrer créatives sur toute la palette de leurs métiers.
Les personnes "atypiques" possèdent ces qualités de façon naturelle : créativité et compréhension intuitive de la complexité sont le quotidien des HPI, très haut niveau d’expertise et d’exigence sont des caractéristiques que l’on retrouve dans des profils Asperger, etc….Et de nombreux professionnels dits "normaux" possèdent également des compétences spécifiques que l’on ne se donne ordinairement pas suffisamment le temps d’investiguer et d’utiliser.
Ces personnes sont notre futur. Ce sont elles et eux qui nous permettront de nous maintenir à niveau et de continuer à progresser, ce sont elles et eux qui apportent en permanence un regard différent à nos entreprises et à nos projets. N’est-il pas dommageable de continuer à les ignorer ?
La fidélisation des jeunes talents, et en particulier des ingénieurs à l’entreprise constitue un enjeu important pour les entreprises. C’est moins le cas pour les jeunes générations d’ingénieurs qui privilégient davantage le sens de leurs projets et de leur parcours personnel que les valeurs de l’entreprise.
IESF se propose d’explorer la possibilité de permettre aux ingénieurs de s’engager sur des projets "porteurs de sens" en marge de l’entreprise et à coté de leurs missions professionnelles.
Ces projets seront de natures diverses : accompagnement d’élèves dans leurs études et dans leurs projets, accompagnement de start ups, intraprenariat, projet de création d’entreprise, engagement politique, engagement dans les associations, etc.....
L’ingénieur pourrait alors librement consacrer quelques heures à ces projets internes ou externes, en respectant bien entendu des règles minimales à déterminer avec l’entreprise.
Les intérêts d’une telle démarche sont multiples : l’ingénieur qui s’engagerait dans un projet "porteur de sens" y retrouverait une mobilisation – et également un apprentissage de nouvelles compétences très utiles dans l’entreprise comme la communication, le pilotage de projet, le management, la négociation, etc... L’entreprise qui a ouvert ces possibilités y retrouverait un surcroît d’attachement et d’image tout à fait positifs, germes d’un engagement plus fort de l’ingénieur dans ses projets et dans son entreprise. Les préoccupations de développement durable, d’engagement humanitaire, d’engagement citoyen pourraient utilement servir l’image de l’entreprise, qui pourrait elle-même apporter un soutien financier défiscalisé à la démarche de ses collaborateurs.
IESF se propose de contribuer à cette démarche, dans le cadre du Club entreprises, et dans le cadre d’un partenariat avec des organisations professionnelles, en vue de dégager un large consensus sur ces orientations.