LES INGÉNIEURS ET L'EUROPE    

A quelques jours des élections européennes, il est légitime que citoyennes et citoyens s’interrogent sur le choix qu’ils auront à réaliser dans le secret de l’isoloir. Les ingénieurs et scientifiques de France ne sont pas différents.

Parce que l’élection de nos représentants doit être l’occasion pour chacune et chacun d’influencer la direction donnée aux politiques menées dans les années à venir, IESF a pris le parti d’interroger certains d’entre eux, afin de comprendre ce que le projet européen signifiait et pouvait représenter pour eux.

Creuset d’un nouveau modèle d’ingénieur, terrain d’apprentissage, de rencontre et d’innovation ou encore échelon incontournable des politiques de défense, vous trouverez leurs témoignages ci-après.

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Par Nicolas Burger, Président d’UTT Alumni

L’ingénieur européen sera sociétal ou ne sera pas

Le projet d’alliances européennes (regroupement international d’universités) amène le sujet d’un diplôme d’ingénieur européen.

Là où la diversité culturelle et institutionnelle de l’Europe peut être vue comme un frein à une telle ambition, elle s’avère au contraire un atout quand cette initiative est couplée aux enjeux sociétaux que nous traversons depuis quelques décennies (crises environnementale, climatique, sanitaire et démocratique).

Il ne s’agit pas de savoir comment l’ingénieur européen émergera, mais plutôt quelle sera sa nature. Tout d’abord, l’ingénieur est un acteur clé de la transition écologique étant donné que les ingénieurs puisent dans la biosphère pour répondre aux besoins des sociétés humaines.

L’ingénierie en France est historiquement liée au secteur militaire et à la concentration du pouvoir politique. Cependant l’ingénierie a évolué au fil des siècles pour davantage être au service du développement industriel et a donc participé à la crise socio-écologique. Cette évolution peut paraitre une fatalité, et coincer l’ingénierie comme une activité destructrice pour l’habitabilité de la planète Terre. Cependant, cette évolution peut également être considérée comme une opportunité, car l’ingénierie a montré sa capacité à évoluer.

Ainsi, nous sommes convaincus que l’ingénierie au service de l’industrie peut et doit laisser sa place à une ingénierie au service de l’ensemble de la société, et donc arrêter de participer à rendre notre planète inhabitable pour les sociétés humaines. Non seulement une nouvelle transformation est possible, mais elle est également souhaitable : passons à l’ingénieur sociétal.

Si l’industrie et l’armement font partie prenante de notre société, ces deux entités ne doivent pas représenter la finalité de l’ingénierie. L’ingénieur est au service de la société dans son ensemble, comme devraient l’être l’industrie et l’armement.

L’Europe est la parfaite échelle pour agir à un niveau systémique. L’approche interculturelle propre à l'Union Européenne, ainsi que l’interdisciplinarité propre aux parcours d’ingénieurs font de l’ingénieur européen un élément clé des enjeux de transition et transformation de nos sociétés vers plus de sobriété, égalité et bien-être.